Cancer : nanomédicaments, gigatraitements | Pharmacien Giphar
Paiement sécurisé - Retrait gratuit dans votre pharmacie
Choisir une pharmacie
Saisissez votre code postal pour voir les pharmacies les plus proches de chez vous et celles qui proposent le Click & Collect.
Choisir une pharmacie
Saisissez votre code postal pour voir les pharmacies les plus proches de chez vous et celles qui proposent le Click & Collect.

Cancer : nanomédicaments, gigatraitements

Publié le 17 janvier 2019 — 5 Min de lecture

SOMMAIRE

    Pour lutter contre le cancer, les médecins disposent de tout un arsenal de traitements. Certains sont toutefois peu ciblés et s’apparentent plus à des armes de destruction massive qu’à des scalpels à la précision chirurgicale…
    « Lorsqu’un médicament est administré, il se distribue dans tout le corps et imprègne souvent la majorité des tissus et des cellules », explique Patrick Couvreur. « Ce manque de précision peut induire une diminution de l’efficacité et générer des effets secondaires. » Certains médicaments anticancéreux peuvent, par exemple, induire une toxicité cardiaque telle qu’au-delà d’une certaine dose ils ne peuvent tout simplement plus être utilisés chez certains patients. Et s’il ne manquait à ces médicaments qu’un chauffeur particulier doté d’un bon GPS pour les mener à bon port ?

    Nanomédicaments : des nanovecteurs comme excipient

    Pour ce faire, les chercheurs ont fait appel aux nanoparticules. « Un médicament classique est toujours composé d’un principe actif – la molécule qui a un effet thérapeutique – et d’excipients qui permettent de lui donner son aspect final – par exemple en le transformant en comprimé – pour pouvoir l’administrer à l’homme », explique Patrick Couvreur. « Dans un nanomédicament, le principe actif ne change pas mais c’est l’excipient qui se présente sous la forme de nano-objets, également appelé nanovecteurs. »
    Le rôle de ces moyens de transport un peu particulier ? Amener le médicament directement là où il doit agir et être le plus efficace, sans abîmer les tissus sains.

    Nanomédicaments : furtivité et tête chercheuse

    Pour ce faire, les chercheurs ont tout d’abord « décoré » la surface du médicament d’un type précis de nanoparticules afin d’empêcher le système immunitaire de le repérer. Ce nanomédicament peut dès lors rester beaucoup plus longtemps dans la circulation sanguine. « Un phénomène naturel permet ensuite au nanomédicament de trouver son chemin », explique Patrick Couvreur. « En cas de cancer ou d’infection, des " trous " se forment au niveau des tissus où la réaction inflammatoire s’est développée. Les nanomédicaments qui circulent dans le sang lorsqu’ils passent à proximité s’infiltrent donc directement dans la tumeur ou le tissu infecté. »
    Autre amélioration : « Il est également possible de lui greffer des molécules de reconnaissance, des sortes de têtes chercheuses », explique Julien Nicolas, chercheur CNRS à l’Institut Galien Paris-Sud. Lorsque la particule charriée par le sang passe à proximité des récepteurs visés, elle est capturée par ceux-ci, ce qui lui permet de faire pénétrer le principe actif directement au cœur de la cellule malade.

    Une révolution nano

    Et ce n’est pas tout ! Infection, maladies neurologiques, cardiologiques…, l’intérêt d’un tel ciblage ne se limite pas à la lutte contre le cancer. « Prenons l’exemple de la morphine, seul 1/10.000e de la dose administrée parvient au cerveau, imaginez la toxicité ! Un meilleur ciblage grâce aux nanotechnologies est donc extrêmement intéressant ! », précise le Pr Didier Betbeder, chercheur Inserm à l’Université Lille 2. « Pour moi, c’est une certitude, la nanomédecine changera profondément la médecine de demain ! » Aujourd’hui, plus de 40 produits santé utilisant des nanotechnologies sont sur le marché et plus de 200 sont en développement clinique. Pas de doute, la révolution nano est en marche !

    Nanoparticules : optimiser la radiothérapie

    Les nanovecteurs ne manquent pas de tours dans leur sac ! Ils peuvent par exemple permettre de mener des produits de contraste à un endroit précis du corps pour améliorer les résultats d’un examen d’imagerie (l’Imagerie par Résonnance Magnétique par exemple). Ils peuvent également décupler l’effet de thérapies déjà existantes…
    « Plus de 60 % des personnes souffrant de cancer bénéficient d’une radiothérapie au cours de leur prise en charge », explique Laurent Levy, Président de Nanobiotix. « Or, les rayons ont une limitation : pour éviter de détruire des tissus sains, les doses doivent être limitées. Nous avons donc développé des nanoparticules qui, une fois dans la tumeur, absorbent les rayons X, ce qui décuple les effets de la radiothérapie pour détruire les cellules tumorales ! »

    Nanotechnologies : des tumeurs chauffées à blanc

    Autre champs d’investigation explorés grâce aux nanotechnologies : des médicaments qui deviennent actifs « à la demande » grâce à des stimuli externes. Des chercheurs travaillent par exemple sur la mise au point d’un procédé qui permettrait de faire chauffer des nanoparticules nichées au sein d’une tumeur à l’aide d’un simple champ magnétique. Le but ? « Griller » les cellules cancéreuses.

    À lire aussi

    Nanomédecine : au cœur de l’invisible

    Impression 3D : les implants du futur !

    Que savez-vous du cancer ?


    Source
    Merci à Patrick Boisseau, responsable du programme Nanomédecine au CEA-Léti, à Laurent Levy, président de Nanobiotix, à Patrick Couvreur, professeur à l’Université Paris-Sud et directeur de l’équipe Nanomédicaments pour le traitement de maladies graves à l’Institut Galien Paris Sud, à Julien Nicolas, chercheur CNRS à l’Institut Galien Paris Sud, et au Pr Didier Betbeder, chercheur Inserm spécialiste des nanotechnologies à l’Université Lille 2.

    Cancer : nanomédicaments, gigatraitements

    5 Min de lecture