L’automédication est une pratique courante mais il est important de respecter certaines précautions avant de prendre un médicament, quel qu'il soit.
Presque tout le monde dispose à domicile d’une petite pharmacie, plus ou moins fournie : comprimés, sirops, gouttes, etc. Au premier symptôme venu, nous avons vite fait d’aller voir ce que nous avons en stock. C’est ce qu’on appelle l’automédication : prendre un médicament sans l’intervention d’un médecin ou d'un pharmacien.
Que soigner avec l’automédication ?
Ce n’est pas nécessairement un mal. Un certain nombre de maladies et de symptômes courants et bénins peuvent tout à fait faire l’objet d’une automédication.
Exemples : douleurs articulaires transitoires et modérées, rhume, maux de gorge, boutons de fièvre, brûlures d’estomac ponctuelles, nausées et vomissements, hémorroïdes, etc.
Dans tous les cas, si les symptômes persistent ou sont accompagnés d’autres symptômes inquiétants ou inhabituels, il faut consulter un médecin.
Les trois types de médicaments disponibles en pharmacie
-
Les médicaments disponibles en libre accès, devant le comptoir.
-
Les médicaments disponibles sans prescription médicale, mais qui doivent être demandés derrière le comptoir.
-
Les médicaments disponibles uniquement sur prescription médicale.
Automédication : gare aux médicaments prescriptibles
Par contre, même si vous en avez à la maison, les médicaments qui ont fait l’objet d’une prescription médicale obligatoire antérieure ne doivent jamais être utilisés sans avis médical. Un exemple type est celui des antibiotiques. Ceux qui sont efficaces contre une infection urinaire ne le seront pas pour une infection dentaire par exemple. Ni même parfois pour une nouvelle infection du système urinaire !
Les 7 règles d’or de l'automédication
L’automédication responsable et avertie implique une bonne information. Vous devez toujours savoir ce que vous prenez, pourquoi et comment.
Observez donc toujours les règles suivantes :
-
Validez le choix du médicament avec votre pharmacien, surtout si vous avez pris un médicament en vente libre (OTC).
-
Demandez systématiquement conseil à votre pharmacien ou votre médecin si vous êtes enceinte, allaitante, allergique à certains produits, si vous êtes âgé(e) et/ou si vous êtes atteint(e) d’une maladie chronique ou au long cours (diabète, maladie du foie, des reins ou du cœur, etc.) ou encore si vous choisissez un médicament pour un enfant.
-
Lisez toujours la notice avant de prendre un médicament et conservez-la soigneusement dans sa boîte d’origine.
-
Respectez la posologie du médicament, c’est-à-dire la dose, la fréquence et l’intervalle entre les prises, ainsi que la durée maximale du traitement.
-
Ne prenez jamais plusieurs médicaments en même temps sans l’avis d’un professionnel de santé. En effet, leurs effets peuvent se cumuler, s’annuler ou provoquer des effets secondaires indésirables.
-
Consultez un médecin si, après 3-4 jours, votre état ne s’améliore pas, s’il s’aggrave ou si de nouveaux symptômes apparaissent.
-
Signalez tout effet secondaire indésirable à votre pharmacien ou votre médecin.

Testez vos connaissances sur l'automédication
Cliquez sur les affirmations ci-dessous pour découvrir les réponses.
Avec les remèdes à base de plantes, il n'y a aucun danger
Faux
Parmi les médicaments ou produits de phytothérapie, certains présentent plus de risques que d’autres. C’est le cas du millepertuis, qui a des interactions avec de nombreux médicaments, dont certains contraceptifs dont il peut diminuer l’efficacité. Ou encore de la rhubarbe, du séné ou de l’aloès, dont les effets laxatifs peuvent irriter l’intestin. Quant aux extraits de pépins de pamplemousse, leur association avec certains médicaments peut entraîner un grave surdosage médicamenteux.
Les médicaments vendus sans prescription médicale sont moins réglementés et moins surveillés que les autres
Faux
Tous les médicaments répondent aux mêmes exigences de qualité et de sécurité. Leur balance bénéfice-risque est réévaluée régulièrement. Certains médicaments présentant des contre-indications majeures, ou un risque important d’interactions médicamenteuses, ne sont pas éligibles à la vente en accès direct. C’est aussi le cas des médicaments contre-indiqués pour les enfants. Le marché français du médicament est très encadré : l’automédication n’y représente que 13 % de la consommation de médicaments, contre 23,6 % en moyenne en Europe*.
* Source : Afipa (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable).
Les médicaments vendus sans ordonnance présentent très peu de risques
Faux
Si les risques sont faibles, ils ne sont pas nuls. Tout médicament peut entraîner des effets indésirables, interagir avec d’autres médicaments ou avec l’alcool... L’ibuprofrène, par exemple, peut entraîner des complications, dont le niveau de gravité peut varier, en cas d’utilisation inappropriée. En dix-huit ans, l’ANSM* a relevé 32 décès attribuables à un usage inapproprié d’anti-inflammatoires de type ibuprofène.
* Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé.
J’ai des infections urinaires à répétition. Il n’y a pas de mal à réutiliser des médicaments qui m’ont déjà été prescrits
Faux
Lorsqu’un médecin vous prescrit un médicament, il le fait en fonction de votre état de santé à ce moment précis, de vos antécédents médicaux et de vos traitements en cours. Il peut s’avérer dangereux de réutiliser des médicaments stockés dans votre armoire à pharmacie. Les partager avec des membres de votre famille ou des amis est à proscrire.
Je viens d’accoucher et j’allaite. Je peux me remettre à l’automédication sans attendre
Faux
Durant l’allaitement, les médicaments absorbés par la maman peuvent se retrouver dans son lait et provoquer des effets indésirables chez le nourrisson. Tout médicament pris pendant cette période doit donc être validé au préalable par votre médecin ou votre pharmacien. Ils vous conseilleront également sur la posologie et les moments propices aux prises.
Un rhume guérit vite, qu’on le soigne ou non
Vrai, mais attention !
Lorsque les muqueuses des voies aériennes supérieures (fosses nasales, pharynx, larynx) sont inflammatoires ou les défenses naturelles amoindries, un rhume peut évoluer vers une bronchite, une otite, ou une sinusite. Si des médicaments en vente libre agissent efficacement contre les désagréments du rhume, ceux à effet vasoconstricteur, qui resserrent les vaisseaux sanguins, comportent des risques cardiovasculaires.
Les huiles essentielles, c'est 100 % bénef
Faux
Si les huiles essentielles sont très efficaces pour des indications précises, elles comportent de potentiels effets indésirables. Certaines ne doivent pas être appliquées sur la peau ou ingérées par voie orale. Toutes sont contre-indiquées pour traiter des enfants de moins de 3 ans, certaines l’étant jusqu’à l’âge de 6 ans. Ne jamais en acheter sans demander conseil à votre pharmacien ! Les huiles essentielles délivrées uniquement en pharmacie :
www.legifrance.gouv.fr
Des médicaments périmés peuvent encore servir
Faux
L’efficacité et la sécurité des médicaments ont été testées pour une durée donnée. Une fois la date de péremption dépassée, elles ne sont plus garanties. Des produits de dégradation toxiques peuvent également apparaître.
Si certains antidouleurs ne sont plus en accès libre, c’est pour limiter les risques liés à leur mauvais usage
Vrai
Depuis janvier 2020, les pharmaciens ont l’obligation de placer les antalgiques de la classe de l’aspirine, du paracétamol et de l’ibuprofène, derrière le comptoir. Leur délivrance doit s’accompagner d’un conseil du pharmacien, pour vérifier qu’ils sont bien adaptés au patient et pour éviter les risques de surdosage et leurs effets indésirables (lésions du foie pour le paracétamol, saignements digestifs pour les anti-inflammatoires stéroïdiens comme l’ibuprofène).
À lire aussi
L’observance thérapeutique : l’adéquation entre un traitement et sa prise
Source
Merci à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (www.ansm.sante.fr) et au Pr Jean-Paul Giroud, professeur de pharmacologie clinique et membre de l’Académie de médecine.