Des micro-organismes contre les maladies

La greffe de microbiote pour soigner des maladies

Diabète, obésité, cancer colorectal… Et si une partie de la solution face à ces maladies se trouvait dans nos intestins ? Zoom sur ces traitements qui nous soigne(ro)nt en modifiant notre flore intestinale !


AU SOMMAIRE DE CET ARTICLE

Étrange petit peuple qui niche dans les plis et replis de nos intestins… Notre microbiote nous rend bien des services, mais peut également nous jouer quelques tours !

 

Microbiote : un lien avec le diabète

« Des chercheurs se sont par exemple rendu compte que le microbiote des personnes diabétiques contenait certaines espèces de bactéries en plus grand nombre », explique Rémy Burcelin, chercheur Inserm à l’Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires de Toulouse. « Certaines bactéries produisent en effet des molécules, les lipopolysaccharides (LPS), qui induisent de l’inflammation et une résistance à l’insuline(1), deux mécanismes clés dans le diabète et l’obésité. » Si notre mode de vie reste l’une des causes majeures de ces maladies de société, le risque de développer un diabète de type 2 ou une obésité serait déterminé entre 30 et 40% par notre flore intestinale (microbiote) !

 

Bactéries : des pistes de traitement

Mais ce n’est pas tout ! Certaines bactéries du microbiote pourraient par exemple altérer l’ADN des cellules intestinales et donc favoriser l’apparition de cancers. « Nous avons également identifié une bactérie qui jouerait un rôle dans certaines maladies intestinales chroniques inflammatoires (MICI), comme la maladie de Crohn », explique Nicolas Barnich, Chercheur Inserm. « Cette bactérie envahit la muqueuse mais n’est pas éliminée par le système immunitaire, et peut se réveiller de temps à autre et provoquer de l’inflammation. »
De telles découvertes peuvent-elles aboutir à la mise au point de nouveaux traitements ? Vaccin, traitements antibiotiques ciblés…, plusieurs pistes sont à l’étude pour tenter d’influer sur le microbiote. « L’utilisation de probiotiques(2) pourrait par exemple permettre d’empêcher les bactéries impliquées dans la maladie de Crohn de se fixer à la paroi intestinale, et donc de prévenir les épisodes inflammatoires. »

 

Greffe de microbiote

Mais si les bactéries qui logent dans nos intestins menacent notre santé, ne suffirait-il pas de les remplacer ? Il est en effet désormais possible de transplanter un microbiote, comme pour une greffe d’organe classique, grâce à une méthode surprenante : la greffe fécale.  
Le principe ? Un échantillon de selles fourni par un donneur « sain » permet de mettre au point une solution qui est ensuite administrée au malade. Les micro-organismes contenus dans les selles colonisent à leur tour les intestins de la personne malade et remplacent les bactéries responsables de tels ou tels maux. Cette méthode a déjà fait ses preuves dans le cas d’une infection intestinale par une bactérie résistant aux antibiotiques, Clostridium difficile.

 

Microbiote : la recherche en ébullition

Et ce n’est pas fini ! Mieux connaître notre microbiote pourrait ouvrir de nouvelles possibilités de traitement dans des domaines parfois surprenants : autisme, Parkinson, dépression… Une chose est sûre, nos petits locataires n’ont pas fini de faire parler d’eux !

 

Microbiote : notre « second cerveau »

Le saviez-vous ? Nous avons plus de neurones dans notre intestin que dans notre moelle épinière, plus de 200 millions !
Notre microbiote pourrait dès lors dans certains cas avoir un impact sur notre psychisme. Des études auraient par exemple montré que l’administration de certains prébiotiques – des compléments alimentaires qui ont un impact sur le microbiote – pourrait améliorer les symptômes dépressifs

 

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Les bienfaits des probiotiques

Inflammation de l'intestin

 

Source

Merci à Rémy Burcelin, Chercheur Inserm à l’Institut des Maladies Métaboliques et Cardiovasculaires de Toulouse, à Nicolas Barnich, Chercheur Inserm et Directeur de laboratoire à l’unité Microbes, Intestin, Inflammation et Susceptibilité de l'Hôte de l’Université d’Auvergne, et à Muriel Thomas, Chercheuse Inserm et Directrice de recherche Inra - Institut Microbiologie de l’alimentation au service de la santé.

(1) L’insuline est l’hormone qui permet de baisser le taux de sucre dans le sang.
(2) Les probiotiques sont des micro-organismes vivants qui ont un impact sur notre microbiote et peuvent être ajoutés à notre alimentation, dans les yaourts par exemple.
 

A PROPOS DE CET ARTICLE
Rédigé par : Thomas Coucq
Relu et approuvé par : Comité éditorial Giphar
Mis à jour le : 27/12/2018

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