Les rhumatismes

Quand on dit "j'ai des rhumatismes", on ne fait pas forcément la différence entre rhumatisme inflammatoire ou arthrite et rhumatisme dégénératif ou arthrose. Les articulations font mal voilà tout ! En fait les rhumatismes ou plutôt les maladies rhumatismales sont nombreuses, toujours douloureuses ; elles ont des localisations variées. Leurs mécanismes sont différents ; leurs traitements aussi.
Rhumatisme : qu'est-ce que c'est ?
Plus de 15 millions de Français souffrent de rhumatismes ou plus exactement de maladies rhumatismales. Malheureusement, ils sont souvent mal informés, ne consultent pas assez leur médecin et sont donc mal soignés.
A dire vrai, on peut se demander ce qu'est exactement un rhumatisme. Est-ce un phénomène lié à l'âge ? A-t-il une composante héréditaire ? Comment se produit-il ? Autant de questions auxquelles il est encore difficile de répondre clairement.
Pour commencer, disons que les maladies rhumatismales sont très nombreuses - plusieurs centaines au total - que certaines surviennent brutalement en faisant très mal d'emblée et que d'autres débutent lentement sans trop faire souffrir.
Ces deux catégories peuvent être traitées efficacement. D'autres encore sont chroniques et évoluent généralement par poussées d'aggravation, entrecoupées de périodes plus ou moins longues de rémission ou d'amélioration.
Au total, les rhumatismes recouvrent donc toutes sortes de maladies ayant chacune des caractères propres et des traitements particuliers mais que l'on peut regrouper en plusieurs familles. Les plus courantes sont les arthrites qui sont des rhumatismes inflammatoires c'est-à-dire causés par une inflammation d'origine infectieuse connue (par exemple, le rhumatisme articulaire aigu) ou dont les mécanismes sont encore mal élucidés, comme la polyarthrite rhumatoïde; et les arthroses - leur nom se termine toujours en ose, comme la coxarthrose - dont la cause est mécanique.
Les troubles causés par la maladie se manifestent alors essentiellement lors des mouvements et sont calmés par le repos. Dans l'arthrite, c'est la membrane synoviale qui est touchée et enflammée, d'où les rougeurs, les gonflements et la chaleur aux articulations, alors que l'arthrose correspond à une lésion de la surface cartilagineuse et de l'os voisin, qui résulte de l'usure des éléments de l'articulation et se manifeste par des douleurs, des craquements, des déformations et une gène au mouvement.
Dans les deux cas, ça fait mal. A des degrés divers bien sûr selon les personnes, mais rhumatisme rime toujours avec douleur et difficulté à se mouvoir.
Comment fonctionne une articulation ?
Pour bien comprendre ce qu'est un rhumatisme, il faut d'abord savoir ce qu'est une articulation. C'est un organe de liaison de deux os voisins et séparés pour permettre le mouvement. Chaque extrémité d'un os, appelé épiphyse, est recouverte d'un cartilage articulaire.
Les deux os sont réunis par une cavité close - la cavité articulaire - qui comporte une membrane interne (le tissu synovial) destiné à faciliter les mouvements articulaires en fabriquant au besoin un liquide lubrifiant: la synovie.
Tout autour de l'articulation viennent s'insérer des tendons qui transmettent les commandes des mouvements des muscles avoisinants.
Les os sont également reliés entre eux par des ligaments et entre les os existent parfois des "amortisseurs" comme les ménisques au niveau des genoux. Selon que la cause de la douleur est cartilagineuse, synoviale ou musculaire, le rhumatisme est différent.
- Un processus inflammatoire
Si vous souffrez d'une ou plusieurs articulations, devenues progressivement ou brusquement rouges, chaudes, volumineuses et si vous avez du mal à remuer le bras ou la jambe en question, votre médecin vous dira que vous avez une monoarthrite (une articulation atteinte) ou une polyarthrite (plusieurs articulations).
Quoi qu'il en soit, ces manifestations, comme il a été dit plus haut, ont toutes sortes de causes, certaines connues et rapidement identifiables, d'autres inconnues dont le diagnostic est plus difficile à faire.
Ce sont les examens que fait pratiquer le médecin qui permettent de déterminer la cause exacte de la maladie. Une cause microbienne par exemple; dans ce cas, il s'agit le plus souvent d'un gonocoque, après une vulgaire "chaude-pisse" mal soignée ou pas soignée du tout chez la femme qui, contrairement à l'homme alerté par un écoulement de pus à la verge, ne s'en aperçoit pas, ou bien d'un staphylocoque.
Un gros genou, chaud et douloureux dû au staphylocoque peut survenir 3 ou 4 semaines après un simple bouton, un petit furoncle au visage, par exemple, ayant guéri tout seul. En revanche, le rhumatisme articulaire aigu - secondaire à une infection due au streptocoque (angine ou rhino-pharyngite) - a pratiquement disparu en France grâce au traitement antibiotique systématique de l'angine. Fort heureusement car le rhumatisme articulaire aigu peut atteindre le muscle cardiaque.
Les rhumatismes inflammatoires chroniques sont beaucoup plus rares mais souvent graves : polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, etc ...
La scintigraphie permet de visualiser les lésions aussi bien dégénératives (arthrose) que inflammatoires (ici, polyarthrite rhumatoïde)
Des articulations usées
L'arthrose, quant à elle, se manifeste après l'âge de 50 ans. Normal puisqu'elle traduit l'usure d'une articulation ou, plus exactement, des cartilages de l'articulation.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la quasi-totalité des plus de 60 ans ont au moins une articulation arthrosique même si elle n'est pas encore douloureuse. Cependant, il n'y a pas que l'usure du temps. Un traumatisme important dû à un accident de voiture ou de ski, la répétition de traumatismes mineurs (chez le footballeur, le lanceur de poids, le joueur de tennis, l'utilisateur de marteau-piqueur), peut aussi aboutir à une dégradation, dans ce cas prématurée, d'une ou plusieurs articulations: genou, coude ou épaule. L'arthrose porte des noms particuliers en fonction de son siège. Par exemple, on ne dit pas arthrose du cou mais cervicarthrose, coxarthrose remplace arthrose de la hanche et gonarthrose celle au genou.
La façon dont se manifeste la douleur permet de distinguer arthrose et rhumatisme inflammatoire : alors que dans l'arthrite la douleur est permanente, celle de l'arthrose est dite mécanique car elle se calme à l'arrêt du mouvement. Pour monter ou descendre un escalier, on a du mal à plier le genou mais, au repos, la douleur s'en va. C'est d'ailleurs pour cette raison - ajoutée au fait que l'arthrose est vécue comme une fatalité de l'âge contre laquelle on ne peut pas faire grand chose - que les arthrosiques ne vont pas toujours consulter.
Les arthroses des membres inférieurs - hanche, genou et plus rarement cheville, pied et orteil - sont les plus fréquentes et touchent aussi bien l'homme que la femme. C'est sans aucun doute l'arthrose de la hanche ou coxarthrose qui est la plus invalidante de toutes.
Mais pourquoi fait-on une arthrose à cet endroit ?
- Soit parce que les deux os de l'articulation - le fémur et l'os iliaque - sont, de naissance, mal positionnés l'un par rapport à l'autre et s'usent rapidement par frottement anormal.
- Soit parce qu'un traumatisme style accident de voiture a fait bouger l'agencement de l'articulation et abouti au même résultat. Soit à la suite d'une maladie congénitale. Soit, le plus souvent, par usure due au vieillissement.
A la radio, on voit très bien que la distance séparant la tête du fémur du cotyle (la cavité située sur la face externe de l'os iliaque, en face) s'est rétrécie et amenuisée. Les deux os arrivent au contact l'un de d'autre, provoquant des douleurs à la marche ou à chaque fois que l'on veut changer de position.
L'arthrose du genou (ou gonarthrose) est sans doute la plus fréquente des arthroses après 50 ans mais elle est nettement moins perturbante que celle de la hanche et permet longtemps une vie quasi normale. Là encore, il peut s'agir d'une malposition congénitale de l'axe tibia-fémur, provoquant à la longue une fatigue des structures intermédiaires et une usure des os. Ou bien d'une suite de traumatismes sportifs. Ou "tout bêtement" de l'âge. Dans ce cas-là, le fémur, la rotule et le tibia sont bien dans l'axe mais usés; les poussées douloureuses sont généralement courtes, elles gênent le mouvement du genou, font boiter mais, au repos, la douleur cesse.
Si, après être resté longtemps assis, vous vous mettez brusquement debout, vous pouvez aussi, l'espace de quelques secondes, vous trouver comme bloqué, paralysé. Pendant la marche aussi, la jambe peut se dérober et parfois entraîner une chute, sinon le phénomène dure un instant et la marche redevient possible. L'arthrose du genou peut aussi provoquer des craquements que l'on entend d'ailleurs très bien. Ils sont dus au frottement des surfaces cartilagineuses fissurées par l'usure et l'arthrose, parfois aussi à une complication : l'existence de petits corps étrangers appelés chondromes intra-articulaires. Ces petites "perles", souvent nombreuses (30 à 50) se forment quand la membrane synoviale souffre, tombent dans l'articulation, "flottent", s'interposent entre les os et bloquent les mouvements.
Tout le poids du corps
Bien que la cheville semble supporter tout le poids du corps, elle est rarement arthrosique parce qu'il s'agit d'une articulation de transmission, de souplesse et non de force.
C'est donc toujours à la suite d'une fracture mal réduite, d'une entorse grave ou de micro-traumatismes répétés (c'est par excellence l'arthrose des footballeurs) qu'elle se développe. Mais elle est très douloureuse.
L'arthrose du pied est, elle aussi, provoquée par des traumatismes d'origine sportive (footballeurs, rugbymen) mais parfois par de petites anomalies qui n'ont pas été corrigées : pied plat ou pied tourné vers l'extérieur (dit en valgus). Si ces deux anomalies sont associées, on a une démarche en "Charlot" mais c'est franchement rare.
L'affaissement de l'avant-pied, en revanche, est dû au vieillissement et, s'il n'est pas corrigé par des semelles orthopédiques adaptées, peut finir par toucher les petits nerfs situés entre les orteils, à la base des phalanges, et entraîner la formation d'une petite tumeur (sans gravité) appelée névrome, au niveau de ce nerf. C'est ce qu'on appelle la maladie de Morton, du nom du chirurgien anglais qui l'a découverte. Elle donne des douleur "en éclairs", très localisées entre deux orteils, et la solution la plus simple est de l'enlever chirurgicalement.
Autre arthrose possible: celle du gros orteil, communément appelée "oignon", qui peut entraîner des poussées douloureuses de plusieurs semaines entrecoupées de longues rémissions mais, le plus souvent, outre un inconvénient d'ordre esthétique, une certaine gène pour se chausser. On connaît les facteurs favorisants de l'« oignon » : le port, chez la femme, de souliers à bouts trop pointus, resserrant le pied et projetant le gros orteil vers l'extérieur, ou à talons trop hauts, déséquilibrant l'arche interne du pied.
Un conseil, si vous ne voulez pas avoir plus tard ce type de désagréments : pas de chaussures étroites, ni trop larges d'ailleurs car les frottements favorisés par des souliers trop grands déclenchent aussi des douleurs; des semelles de cuir pas trop épaisses et des talons normaux, peu élevés, de type Richelieu.
Voilà pour les arthroses des membres inférieurs.
Celles des membres supérieurs sont beaucoup plus rares (10 %) : arthrose de l'épaule (omarthrose), arthrose du coude, du poignet, sternoclaviculaire - visible au décolleté mais plus inesthétique que douloureuse - et arthrose des mains, plus fréquente chez la femme que chez l'homme. Cette arthrose de la main, plus ou moins invalidante et inesthétique, est souvent confondue avec un rhumatisme inflammatoire mais n'a pas la même gravité ni la même évolution; c'est un bilan biologique qui fait la différence.
Rhumatisme : pas de traitement standard
Tout le monde sait - sauf ceux qui se laissent encore abuser par des publicités mensongères - qu'il n'y a pas de traitement standard du rhumatisme ni de recette-miracle.
On l'a vu, les maladies rhumatismales sont nombreuses et leurs causes multiples. II est donc logique que les traitements soient différents.
Des traitement destinés essentiellement à soulager la douleur et à rompre le cercle vicieux : douleur contracture-aggravation de la mauvaise attitude, par conséquent des antalgiques et des anti-inflammatoires. Certains antalgiques sont peu agressifs pour le tube digestif; l'aspirine en revanche l'est, d'où l'intérêt de signaler au médecin des antécédents de douleurs gastriques ou d'ulcères et, en cours de traitement, toute douleur de ce type.
Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, désormais nombreux et efficaces, sont également irritants pour l'estomac et le tube digestif et ce quelle que soit leur présentation (piqûres dans les cas aigus et sévères, comprimés ou suppositoires).
Aussi, lorsqu'un traitement de longue durée est nécessaire et qu'apparaissent des douleurs digestives, le médecin prescrit-il des pansements gastriques et des protecteurs gastriques.
La cortisone est également utile dans les cas sévères; les sels d'or aussi dans la polyarthrite rhumatoïde mais les maladies rhumatismales chroniques forment un groupe à part. Leur évolution diffère en plus d'une personne à l'autre. Elles doivent donc être traitées, encore plus que les autres, au cas par cas. Elles nécessitent souvent des interventions chirurgicales pour réparer ou pallier les déformations progressives et les destructions créées par l'inflammation.
- Les prothèses
Dans les rhumatismes "ordinaires", courants, le choix du traitement est parfois tâtonnant ; l'un "réussit" mieux à une personne qu'à une autre ou, au contraire, est moins bien supporté.
Il faut parfois en tester plusieurs avant de trouver celui qui convient. En cas d'arthrose, à côté des antalgiques et des anti-inflammatoires, la chirurgie occupe une place de plus en plus importante mais, encore une fois, chaque cas est particulier.
Dans la coxarthrose cependant, la chirurgie a transformé la vie de ceux qui en sont affligés : des techniques correctrices quand il s'agit de mauvaise position de la tête fémorale et du cotyle et des prothèses totales pour remplacer les têtes de fémur abîmées.
La technique est aujourd'hui très au point et les complications rares. Un signe : les opérés regrettent souvent d'avoir repoussé l'intervention tant la métamorphose est radicale : ils remarchent normalement, nagent, peuvent faire aussi bien du tennis que du cheval.
L'arthrose du genou s'opère également lorsque la douleur est intolérable et la marche impossible : on remet les surfaces osseuses du tibia et du fémur en position normale par ostéotomie (on enlève une zone d'un des os); on enlève les corps étrangers (par arthroscopie) et on supprime la synoviale en excès ou bien on change carrément l'articulation. Mais, là, les résultats sont nettement moins brillants qu'au niveau de la hanche. II faut dire que le genou est une articulation double dont le mouvement de flexion-extension s'accompagne d'un mouvement de torsion externe augmentant les forces agissant sur l'articulation qui, de ce fait, favorisent les descellements et les fractures de prothèse. On se pose souvent la question d'un traitement de fond de l'arthrose.
Malheureusement, les produits dits chondroprotecteurs - destinés à protéger les chondrocytes c'est-à-dire les cellules qui sont atteintes les premières dans les maladies du vieillissement osteo-articulaire - ne sont pas efficaces. Restent alors les massages et les cures thermales. Les massages favorisent la circulation du retour veineux mais surtout détendent les muscles contractés et douloureux et le thermalisme soulage efficacement les douleurs.
Mais attention, tous les rhumatismes ne peuvent bénéficier d'une cure thermale. C'est au médecin traitant de juger de son intérêt car chaque cas est particulier. Par ailleurs, chaque eau a une composition physicochimique propre et s'adresse à des maladies rhumatismales différentes. La thalassothérapie - cure marine - donne aussi de bons résultats car elle associe les effets de la rééducation en piscine dans une eau "vivante" aux vertus du climat marin. Mais la thalasso proprement dite n'est pas prise en charge par la sécurité sociale dans cette indication (les soins de kinésithérapie peuvent l'être).
Conseils aux arthrosiques
- Avec une coxarthrose
- Se reposer allongé 10 minutes toutes les 2 ou 3 heures pour soulager l'articulation, éviter les piétinements, la station debout prolongée et la marche en terrain difficile.
- Ne pas avoir peur de prendre des décontracturants pour bien dormir. Ces médicaments ne sont pas des hypnoptiques, ils permettent simplement aux muscles fatigués par la contracture due à la marche dans la journée, de se détendre.
- Prendre un bain bien chaud le soir, décontracte aussi. Si sortir avec une hanche douloureuse d'une baignoire remplie d'eau est difficile, vider la baignoire pour s'en extraire plus aisément.
- Surveiller son poids et, si il est trop important, essayer de maigrir pour éviter de peser sur une articulation déjà fragile. Mais attention, sans recourir à des pilules dites amaigrissantes.
- Ne pas hésiter à recourir à une canne.
- Habiter, si possible dans un appartement ou une maison avec ascenseur ou en rez-de-chaussée.
- Pour les transports en commun, demander une carte de prioritaire pour les places assises en s'adressant à l'assistante sociale dont vous dépendez.
- Pour les retraités, demander une aide-ménagère.
- Adapter les sièges pour s'assoir facilement, y compris dans les toilettes et installer des barres d'appui dans la salle de bain.
- Utiliser des instruments qui facilitent la vie quotidienne (en pharmacie) : chausse-pieds à long manche, passe-bas, mocassins ou chaussures à élastiques.
- Grâce à ces mesures, certaines coxarthroses peuvent rester au stade médical 15 ou 20 ans.
- Avec une arthrose du genou
- Lorsqu'elle est invalidante, se rapprocher le plus possible de son lieu de travail.
- Demander une carte de prioritaire pour les transports en commun.
- Aménager son appartement ou sa maison en évitant les escaliers, particulièrement pénibles.
- Surveiller son poids pour ne pas peser sur le genou.
- Avec une arthrose des mains
La rééducation de la main avec une balle en caoutchouc ou de la pâte à modeler est utile pour entretenir la fonction de préhension. Plusieurs fois par jour, comprimer la balle dans la main, doigts bien fermés.
Des petits "plâtres" de position en plastique permettent de mieux dormir la nuit.
Les cures thermales (par exemple: boue ou vapeur à Aix-les-Bains) peuvent calmer ces rhumatismes de la main.
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Relu et approuvé par : Comité éditorial Giphar
Mis à jour le : 01/04/2015